« CE N’EST QU’EN VISANT HAUT QU’ON VA LOIN

Lorsque Benjamin a commencé Debateville à l’âge de 13 ans, il n’aurait jamais imaginé que deux ans plus tard, il prendrait la parole lors de conférences internationales sur le climat, fréquenterait le Premier ministre Alexander De Croo et compterait des personnes comme David Van Reybrouck parmi son groupe d’amis. En juillet 2021, le désastre frappe: son amie Rosa se noie sous ses yeux. Mais abandonner n’est pas dans le dictionnaire de Benjamin. Il devient rapidement un activiste avec un objectif clair : raconter des histoires pour lutter ensemble contre le changement climatique. « Si Debateville m’a appris une chose, c’est qu’il suffit d’oser », dit-il.

LEÇONS DE DÉBAT

Benjamin a appris l’existence de Debateville en 2020 grâce à un article paru dans Bruzz. « L’année précédente, j’étais allé écouter un discours de Kumi Naidoo, ancien secrétaire général d’Amnesty et directeur de Greenpeace. C’était un discours fantastique qui m’a énormément motivé. Depuis lors, j’ai voulu être un peu comme lui. C’est pourquoi j’ai aussi pensé qu’il serait utile de s’inscrire à des cours de débat. »

Quelques mois après le début de Debateville, le corona a éclaté. Les ateliers n’ont pu se poursuivre qu’en ligne et Benjamin a rapidement constaté l’impact du corona sur les droits des enfants.

« À Bruxelles notamment, le confinement a été néfaste pour les jeunes, notamment parce que de nombreux Bruxellois ne disposent pas d’un ordinateur ou d’un lieu de travail tranquille pour poursuivre un enseignement en ligne. De plus, en ville, il y a peu d’espaces libres dans la nature où on peut se rencontrer en toute sécurité. J’étais inquiet car je voyais beaucoup de mes pairs sombrer dans la solitude. »

Après un appel dans le journal, il a fait un geste audacieux : il a envoyé un mail au ministre Benjamin Dalle. « Grâce à Debateville, je me suis senti plus confiant et j’ai pensé : quel est le pire qui puisse arriver ? Seul quelque chose de positif peut en sortir. » Et en effet, peu de temps après, il a été autorisé à partager son histoire au Parlement flamand. Ses talents d’orateur ne sont pas passés inaperçus : le comité des droits de l’enfant était impatient de travailler avec lui.

Le mouvement s’est enclenché et on lui a demandé de prendre la parole lors d’importantes conférences internationales sur les droits de l’enfant, notamment à Bilbao et en Islande.

CHANGEMENT CLIMATIQUE

« Je pense que je fais la différence en exprimant mon opinion et en engageant un débat avec les décideurs politiques. Aujourd’hui, le changement climatique est devenu une question importante en raison de son impact majeur sur les droits de l’enfant. Même l’ONU rédige maintenant un commentaire général indiquant que le changement climatique est une menace pour les jeunes. Je crois que j’y ai contribué, car j’ai notamment donné un discours devant eux.”

« Le climat est évidemment une question très personnelle pour moi ». Au cours de l’été 2021, l’Europe occidentale a été ravagée par de fortes pluies, avec des inondations en de nombreux endroits. La tempête a coûté la vie à 39 personnes dans notre pays, dont Rosa, 15 ans, avec qui Benjamin était devenu ami lors d’un camp. « Mon histoire est très lourde, mais je pense néanmoins qu’il est important de continuer à la raconter. C’est le seul moyen de faire prendre conscience aux gens de la puissance du changement climatique. » À l’occasion de l’anniversaire de la catastrophe, le Premier ministre De Croo a évoqué cet événement poignant. « Il a dit qu’il me prendrait, Ben, comme témoin de sa promesse de faire plus pour le climat.

Eh bien, quand vous faites une promesse à un enfant, vous devez la tenir. Je me comporte souvent comme un adulte, mais là, je vais continuer à jouer au petit enfant et à pousser jusqu’à ce que j’obtienne ce que je veux. »

AMBITION

« Si Debateville m’a appris une chose, c’est qu’il suffit d’oser »

ll conseille aux autres jeunes qui veulent peser dans le débat social de faire des efforts. « Être un activiste demande beaucoup de temps et d’énergie. En même temps, c’est aussi beaucoup plus facile qu’il n’y paraît parfois. Tu peux trouver les adresses mail de presque tous les membres du gouvernement et des responsables politiques européens en ligne, juste comme ça. C’est fantastique, n’est-ce pas ? » La presse peut également être un acteur important. « Il y a quelque temps, j’ai donné une interview à De Morgen. Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, a lu l’article et a tenu à me rencontrer. C’est pourquoi il m’a invité à son cabinet. »

Benjamin remarque à quel point il est important de savoir convaincre par un bon discours, une interview percutante ou des arguments solides. « Ce sont des compétences pour lesquelles Debateville m’a beaucoup aidé. Au début, j’ai trouvé cela difficile, mais maintenant je m’en sors très bien. Tu ne dois pas avoir peur, tu dois juste essayer. Et sois ambitieux. Ce n’est qu’en visant haut qu’on va loin. »

« Pendant Debateville, nous avons joué une fois à un jeu, le débat en montgolfière, dans lequel il fallait se mettre dans la peau d’une personne connue et débattre de son point de vue. Bien sûr, j’ai immédiatement choisi mon grand héros Kumi Naidoo. Et devine quoi ? Aujourd’hui, je suis en contact avec lui et il m’a présenté la princesse Esmeralda, qui est aussi une incroyable militante du climat. C’est incroyable de voir ce que tout cela a donné. »